S34 Toxicologie

S34 Toxicologie

S34

Toxicologie

 

L’insuffisance rénale aigue (IRA) toxique est secondaire à l’exposition d’un patient à un toxique quel qu’en soit les modalités. Les toxiques les plus fréquemment incriminés sont les médicaments qui seraient responsables de 20% des IRA.  La démarche diagnostique est la même que pour toute IRA, cependant l’anamnèse est cruciale pour déterminer l’exposition et l’imputabilité intrinsèque/extrinsèque du toxique dans l’IRA. La biopsie rénale peut être indiquée. Le traitement comprend dans tous les cas l’arrêt de l’exposition au toxique (en pratique l’arrêt du médicament). La dialyse peut être envisagée dans ce contexte, soit comme un traitement de support, soit en cas d’intoxication symptomatique, pour épurer le toxique si il est dialysable (non lié aux protéines, faible volume de distribution, élimination rénale majoritaire). Des traitements spécifiques peuvent être indiqués. L’IRA est réversible dans la majorité des cas mais peut évoluer vers une insuffisance rénale chronique (IRC).

Le foie est l’organe le plus souvent atteint par les agents toxiques qu’il s’agisse de médicaments, de composés chimiques d’origine professionnelle ou domestique, de plantes ou de produits d’origine alimentaire. L’hépatotoxicité est très souvent méconnue elle se limite souvent à des anomalies biologiques sans signes cliniques significatifs. Une détection précoce est cependant essentielle car elle peut permettre d’éviter une évolution vers des formes graves aigues (hépatite fulminante) ou chroniques (hépatite chronique voire cirrhose). L’hépatotoxicité des médicaments est un évènement rare souvent inférieur à 1/1000 et donc difficile à détecter dans les essais cliniques avant la mise sur le marché d’une nouvelle molécule. L’étude des mécanismes de susceptibilité est une voie de recherche essentielle qui peut permettre dans l’avenir d’identifier les sujets à risque et mettre au point des molécules mieux tolérées.

La méthémoglobine et la sulfhémoglobine sont des dérivés de l’hémoglobine impropres au transport de l’oxygène. C’est  Félix Hoppe-Seyler qui décrira  pour la première fois, en 1863, la sulfhémoglobine puis l’année suivante, en 1864, la méthémoglobine. Le premier cas humain de méthémoglobinémie toxique est publié en 1891. La sulfhémoglobine est toujours d’origine toxique, ce qui n’est pas le cas pour la méthémoglobine qui peut être d’origines génétiques, diététiques ou idiopathiques.

La surveillance biologique des expositions à des substances chimiques (biomonitoring, en anglais) est la mesure des concentrations d’un agent chimique et/ou de ses métabolites dans des liquides biologiques ou des tissus dans le but d’évaluer l’exposition actuelle, ou la dose interne de la substance concernée, ainsi que les risques pour la santé qui en découlent. Elle peut être utilisée pour l’évaluation d’intoxications aigues ou chroniques, ou pour la surveillance d’une exposition professionnelle ou environnementale. L’interprétation des résultats des mesurages effectués se fait en les comparant à diverses valeurs de référence : valeurs usuelles dans la population générale de référence, valeurs limites réglementaires ou recommandées en population générale et/ou en milieu professionnel, seuil de survenue de certains effets sur la santé, etc.

Le chapitre aborde pour chacun des principaux métaux et métalloïdes, leurs principaux effets sur la santé, les indicateurs biologiques d’exposition pertinents et les principales valeurs de référence.

Le plomb est, sans nul doute, l’un des métaux qui a été le plus anciennement et le plus largement utilisé par l’homme La connaissance de la toxicité du plomb est également très ancienne et les premiers textes décrivant les manifestations de l’intoxication datent des antiquités grecque et romaine. En ce début de 21ème siècle, l’intoxication par le plomb est certainement l’une des mieux étudiées, mais elle reste un problème de santé publique majeur dans de nombreux pays, dont la France.

Les principales activités entraînant des expositions professionnelles au plomb, en France, sont la métallurgie du plomb (en particulier, les fonderies de deuxième fusion), celle du zinc, la fabrication et la récupération de batteries d’accumulateurs, le découpage au chalumeau de ferrailles peintes, le décapage thermique ou mécanique (par grattage ou par ponçage) de vieilles peintures ou de boiseries anciennes (cérusées), la production de cristal, le ciselage ou l’usinage de bronzes au plomb, l’élimination de tuyauteries de plomb (autrefois utilisées pour l’adduction d’eau ou l’élimination des eaux usées), celles de câbles téléphoniques gainés de plomb.

Le terme « solvants organiques » désigne un groupe de substances chimiquement très diverses, mais que rassemble une propriété physique commune : leur lipophilie. C’est elle qui détermine leur pouvoir de solubiliser les graisses et justifie la plupart de leurs utilisations techniques. Cette lipophilie caractéristique de tous les solvants est aussi à l’origine de propriétés toxicologiques communes :

  • parce qu’ils sont lipophiles, tous les solvants sont bien absorbés, quelle que soit la voie considérée (respiratoire, cutanée ou digestive), parce que les membranes cellulaires sont des structures phospho-lipidiques ; en milieu de travail, ce sont la volatilité des préparations solvantées employées et leurs conditions d’emploi qui déterminent les voies de pénétration préférentielles, respiratoire quand elles sont volatiles à la température ambiante, transcutanée quand elles ne le sont pas ;
  • pour la même raison, en cas de contact prolongé ou répété, tous les solvants sont irritants pour les revêtements superficiels ;

en raison de leur lipophilie, les solvants se concentrent dans les tissus riches en lipides, en particulier au niveau du système nerveux, ce qui peut être à l’origine d’effets toxiques aigus et chroniques.

Les toxi-infections alimentaires résultent de la consommation d’eau ou d’aliments contaminés par des microorganismes (bactéries, virus, parasites, moisissures) et leurs toxines ou métabolites. Ces maladies constituent un problème de santé publique dans le monde. Malgré l’amélioration du niveau d’hygiène des aliments dans les pays développés, le poids des maladies infectieuses d’origine alimentaire demeure important avec plusieurs milliers de cas répertoriés en France chaque année. L’évolution des modes de production des aliments (origine des matières premières, nouveaux procédés technologiques), des pratiques alimentaires et culinaires (p. ex. alimentation hors domicile, consommation des produits crus), l’augmentation de la population à risque d’infection (personnes âgées et immunodéprimées notamment) et l’adaptation des pathogènes (acquisition de gènes de virulence, de résistance aux antibiotiques) sont autant de facteurs à l’origine de l’émergence ou de la réémergence de certaines pathologies.

Depuis une vingtaine d’années, la question de la toxicité des substances chimiques via une perturbation du système endocrinien suscite un intérêt croissant. Parler des perturbateurs endocriniens (PE) aujourd’hui alors que tant d’articles, de revues, de rapports ont été publiés sur ce sujet depuis ces dernières années relève d’un exercice d’équilibriste si l’on veut éviter de tomber dans l’excès de certains défenseurs de l’approche environnementaliste qui considèrent que de nombreuses substances chimiques sont des PE à l’origine de diverses pathologies chez l’Homme et ceux qui, tout simplement, écartent la notion de PE et lui préfèrent celle de substances actives sur le système endocrinien. Cette dualité qui divise, non seulement la communauté scientifique, mais aussi les instances internationales d’expertise, et plus largement l’ensemble des parties-prenantes (industrie, organisations non gouvernementales, instances politiques…), renseigne en elle-même sur le degré de complexité et d’incertitude qui entoure cette notion et ses conséquences pour la compréhension d’évènements de santé aujourd’hui encore largement inexpliqués.