S32-P05-C02 Immunopathologie de l’infection par le VIH

S32-P05-C02 Immunopathologie de l’infection par le VIH

S32

Maladies infectieuses

Olivier Lortholary

Chapitre S32-P05-C02

Immunopathologie de l’infection par le VIH

Jean-Paul Viard

Rétrovirus à tropisme immunitaire

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovirus qui infecte principalement deux types cellulaires importants dans le développement des réponses immunes : les cellules T exprimant CD4 et les cellules de la lignée des monocytes/macrophages, ce qui aboutit à un déficit immunitaire profond, aux conséquences cliniques dévastatrices en l’absence de traitement. L’essentiel des données recueillies, résumées ici, portent sur l’infection par le VIH-1 et les modèles simiens d’infection pathogène. Le VIH-2 a été moins étudié : cette infection, moins agressive, constitue en soi un modèle intéressant où l’interaction hôte-virus trouve un point d’équilibre différent. Néanmoins, à déficit immunitaire égal, les complications cliniques sont les mêmes dans les deux cas.

Le tropisme cellulaire du VIH est expliqué par la liaison à deux récepteurs membranaires : CD4 d’une part et un récepteur de chimiokine (CCR5 ou CXCR4) d’autre part. Les virus transmis par voie sexuelle et présents en début d’infection utilisent préférentiellement le co-récepteur CCR5, alors que parmi les virus retrouvés au stade tardif de l’infection, qui ont un plus haut potentiel de réplication, on retrouve plus souvent des virus utilisant préférentiellement CXCR4. Ceci explique que de rares sujets (1 % des caucasiens), homozygotes pour une délétion de 32 paires de bases dans la séquence régulatrice du gène CCR5 (mutation « Delta 32 »), et n’exprimant donc pas le récepteur CCR5, apparaissent dotés d’une certaine « résistance » vis à vis de la transmission sexuelle du VIH. Par ailleurs, l’expression de CCR5 et CXCR4 à la surface des lymphocytes T varie en fonction de leur différenciation : CCR5 est fortement exprimé par les cellules T mémoire effectrices, particulièrement dans les tissus comme les muqueuses, alors que CXCR4 est largement exprimé par les lymphocytes périphériques. Il existe donc une véritable co-évolution écologique entre les populations cellulaires cibles disponibles et le tropisme viral. D’une part, cela rend compte d’un effet de « filtre » au moment de la transmission par voie muqueuse (sexuelle) : ce sont principalement les virus à tropisme CCR5 qui sont transmis. D’autre part le virus modifiant au cours du temps son tropisme, en parallèle à un épuisement des cellules T exprimant CCR5, il en vient à infecter préférentiellement des sous-populations différentes, porteuses de CXCR4, ce changement de tropisme entraînant une accélération de la déplétion généralisée des lymphocytes T CD4.

Les …

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